Nous disons un « au revoir » ému à Peter, Manichan, leurs enfants, ainsi qu’à Doug, Davis et Natalie.  On espère vraiment les revoir un jour, et on leur répète qu’on les accueillera avec plaisir s’ils passent à Bruxelles.

Un tuk tuk nous amène jusqu’au bus « VIP », qui part à 9h30.  C’est le luxe par rapport aux minibus — on a un siège par personne.

Nous voyageons avec Sylvaine, Jean-Louis, et Mélissa, que nous retrouverons plus tard à Vientiane.  Dans le bus, beaucoup de jeunes Américains et Anglais déterminés à faire la fête.  Vang Vieng est en effet connu comme une ville de fêtards.  Vers 14h30 le bus s’arrête pour le déjeuner, soupe avec riz ou pâtes…

Ce n’est pas mauvais, et ça réhydrate.  On repart vers 15h et arrive à destination à Vang Vieng.  La route est très belle, on regrette une fois de plus de ne pas pouvoir s’arrêter pour contempler le paysage.  C’est de toute manière le cas presque partout, même quand nous avions notre propre véhicule.

Nous approchons, …

Et arrivons vers 17h.  La ville est au bord de la rivière Nam Song, notre chambre a une belle vue sur la rivière et les reliefs karstiques!

Le soir, nous nous promenons dans la ville qui semble très sage, presqu’endormie.  Les lieux les plus glauques ont été fermés suite à la répression de la consommation de drogue.  Il y eu trop d’accidents, et les ambassades (Australie) en avaient assez de devoir organiser des rapatriements de leurs ressortissants (morts ou vifs).  Toutes les boissons (et même aliments) étiquetés « happy » étaient à risque d’être agrémentés de drogues diverses, et leur consommation au cours d’une journée de « tubing » (descente du cours d’eau en chambre à air) aurait été à l’origine de nombreuses noyades.

Toujours est-il que nous finissons par trouver un restaurant de barbecue coréen, ou nous sommes les seuls non asiatiques (eh oui, ça se voit).  C’est amusant, et une bonne Beer Lao bien froide, cela va bien avec tous les plats ici.  Cela nous rappelle le restaurant coréen à Bruxelles, où nous étions aussi les seuls d’aspect européen.

Le lendemain, gaillards, nous partons marcher pour voir des villages et les paysages alentours.  Nous décidons de partir à pied.  Hors de question de rouler à moto ici (tout le monde le fait, mais nous n’avons pas envie de tester notre assurance santé), le vélo est difficile (dans les cailloux), et nous n’avons pas envie de négocier un tuk tuk.

Une carte locale nous indique le chemin du « Blue Lagoon », mais nous ne pensons pas arriver jusqu’à là, c’est à 7 km!

La balade commence bien.  Nous traversons le pont à suspension et à péage (sans rire).

Entêtés, nous résistons au tuk tuk…

C’est simple, ça tient.

Surréaliste, ce manneken pis lao.

Puis ce sont les champs, encadrés par les reliefs … karstiques.

On marche, on marche, on a encore la forme, on va d’ombre en ombre, les enfants ramassent un serpent écrasé.

Après 45 minutes de marche, toujours pas de village, et il fait très très chaud, 40° peut-être.  Nous avons de l’eau, mais bon, on fatigue.  On ralentit, on commence à se demander s’il ne faut pas rebrousser chemin.  A ce moment un énorme minibus neuf nous dépasse et s’arrête.  En descend un homme tenant un iPhone dans un étui doré avec une main pleine de bagues en or.  Au poignet une montre étincelante, et sur le nez des lunettes de soleil en or.  Il nous sourit et nous dit que le Blue Lagoon est « far away ».  Ne sachant pas trop ce qu’il nous veut, méfiant, je lui demande « how much? »  Plutôt que de me dire un prix, il répond « 3 kilometers ».  Je repose ma question, il me répond la même chose.  Finalement je me dis qu’il a pris pitié de nous (ou alors c’est comme ça qu’on enlève les touristes), et nous rentrons dans le minibus.  Là, souriantes, deux voyageuses qu’on reconnaît de notre hôtel.  Il s’agit de Thaïlandaises, avec leur chauffeur et leur guide (le monsieur à l’iPhone doré).  En effet, elles ont dû avoir pitié de nous.  Nous nous enfonçons dans les fauteuils en simili-cuir, dans une climatisation glaciale (le bonheur) pour les 3 km restants jusqu’au « Blue Lagoon ».  Nous remercions nos bienfaiteurs et on se fait des courbettes, mains jointes, grands sourires (thank you! welcome! thank you! welcome!)  Impossible de communiquer beaucoup plus, nous n’avons pas de langue commune.  Ils repartent rapidement, après quelques photos, offrant de nous ramener, mais puisqu’on y est, nous décidons de rester un peu.  Le lieu est sympathique, une jolie petite rivière qui vient de la montagne (karstique).  Il y a même une buvette.  On ne résiste pas à la baignade.

Et puis on repart.  On fera tout le retour à pied, soit un total de 10 km dans la chaleur ce jour-là, mais au retour nous sommes rafraîchis, et nous nous arrêtons à un minuscule restaurant où le fried rice est goûteux et coûte environ 1 dollar.  La cuisine lao est très savoureuse, sans être « épicée » (ça ne traumatise pas les papilles gustatives).

Sur le chemin, quelques tissus à vendre, tissés sur place évidemment.  Nous nous y arrêtons longuement, pour boire, s’asseoir à l’ombre, et faire un petit achat.  Personne ne semble s’arrêter là, la dame est si contente qu’on reçoit tous des bracelets en cadeau.

Le reste du chemin nous offre de simples scènes de la vie quotidienne

Le retour de l’école

Sans rancune – le drapeau US décore le sac de cette petite fille.

Le soir nous mangerons … à l’Irish Pub!  Nous revoyons les jeunes Anglais et Américains qui étaient dans notre bus.  La bière n’est pas chère et ils en profitent largement.  Certains ont bien l’air un peu perdus, mais l’ambiance est amicale.  La fête est plus sage de nos jours à Vang Vieng, mais elle continue.

Le lendemain, nous embarquerons pour la capitale, Vientiane.  Arrivés tardivement à la gare routière de Vang Vieng (notre navette ayant fait deux fois le tour de la ville), le bus est déjà presque plein et nous sommes tous assis séparément.  Je suis à côté d’un jeune homme de Corée du Sud, qui est le premier de sa famille à voyager en dehors de son pays, tout seul (sa famille est inquiète)!  Et en plus il a perdu son iPhone.  Il m’explique qu’en Corée il pensait ne pas pouvoir vivre sans son téléphone, et là, il ne s’en porte pas plus mal.  Comme les Thaïlandais et les Chinois, les Coréens sont maintenant nombreux à avoir la possibilité de voyager, et ils ne s’en privent pas.  Les grands mouvements de l’Histoire, en direct!

Le bus roule et devant moi, alors que défilent les paysages du Laos profond, une jeune femme lit le Petit Prince en russe sur son iPad.

Etape suivante:  Vientiane.

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